LA COMMISSION ARMÉES – JEUNESSE, en visite...


Dans le cadre des travaux du Groupe de travail « Jeunesse et Autorité » la CAJ a visité, le 15 avril 2008, le Groupement blindé de la Gendarmerie mobile à SATORY.
A cette occasion les membres du groupe ont participé à une table ronde à laquelle étaient invités de jeunes volontaires récemment engagés.
De ces entretiens il ressort que la majorité ont choisi la Gendarmerie pour sa spécificité qui fait une grande place à l'autorité mais aussi de sa proximité avec la population en général. Il est bon de noter que plusieurs de ces jeunes étaient issus de familles de militaires, voire de gendarmes, faisant partie de leurs proches ou de leurs relations, et qu'ils ont conservé de bonnes relations avec leurs anciens camarades qui n'ont pas choisi cette voie professionnelle.

Par ailleurs, dans le cadre des travaux du groupe « Égalité des chances » une visite nous a conduits au Centre de VAL de REUIL, situé à 30 km environ au sud de Rouen et à 35 km au nord d'Evreux où est installé le Centre « Défense, 2e chance » de l'EPIDE », le 05 juin dernier.


Le Groupe de la CAJ, avec 3 stagiaires et 2 membres de la Direction (au centre)
(Photo : Colonel O. AUJAY de la DURE)

Ce Centre occupe une superficie totale de 5 hectares dont 12000 m2 de bâti dans un parc paysager ayant préalablement appartenu aux Télécom.

Il dispose d'une capacité d'hébergement de 240 jeunes. Il a été inauguré par le Ministre de la Défense le 11 août 2006




Qu'est-ce que l'EPIDE et le dispositif « Défense, 2e chance » ?


Créé en août 2005, et placé sous la double tutelle des ministères chargés de la Défense et de l'Économie, des Finances et de l'Emploi, c'est un Établissement Public d'Insertion de la Défense (EPIDe), établissement public administratif qui met en oeuvre le dispositif « Défense, 2e chance ».
Il fait partie des structures agréées au titre du Service Civil Volontaire.
Il s'adresse à des jeunes volontaires, garçons et filles âgés de 18 à 21 ans révolus, en situation de retard ou d'échec scolaire sans qualification professionnelle ni emploi, et souvent en risque de marginalisation sociale, en règle avec leur journée d'appel de préparation à la Défense.
Il est proposé à ces jeunes qui ne peuvent ni s'inscrire dans une filière de formation classique, ni trouver un emploi, de suivre un programme pédagogique visant à favoriser leur insertion sociale et professionnelle et retrouver ainsi des perspectives d' avenir. Ce programme est dispensé et proposé exclusivement sous le régime de l'internat du dimanche soir au vendredi après-midi, il conjugue une formation civique et comportementale, une remise à niveau des fondamentaux scolaires, une orientation débouchant sur un projet professionnel et une pré-forrnation/insertion professionnelle en liaison avec les entreprises partenaires du dispositif.

60.000 jeunes sur un total de 800.000 sont identifiés chaque année comme étant dans cette situation lors des journées d'appel de préparation à la défense soit orientés vers le dispositif par les réseaux d'accueil des jeunes : missions locales, permanences d'accueil et d'orientation (PAIO), ANPE...
Les volontaires sont ensuite convoqués à un entretien de motivation où ils reçoivent une information plus détaillée sur le programme, prennent connaissance du règlement intérieur des Centres « Défense 2e` chance », passent une visite d'aptitude médicale et doivent témoigner de leur motivation à suivre le programme.
S'ils maintiennent leur candidature et que celle-ci est retenue, ils signent alors un contrat de « volontaire pour l'insertion » d'une durée de 8 mois, qui pourra être renouvelé au maximum trois fois.


Le programme et l'internat sont gratuits et le port de tenues uniformes, comme le respect du règlement intérieur des établissement, sont obligatoires.
Au sujet de l'uniforme, lors de notre visite nous avons constaté que tout le monde est « en civil », que ce soient les membres de la direction, l'encadrement ou les stagiaires.

C'est ainsi que lors du repas, les serveurs portaient le même costume bleu deux pièces et la même cravate que le Directeur et son adjoint.

Les jeunes perçoivent une allocation mensuelle de 300 €, dont 150 versés chaque mois, auxquels s'ajoutent une prime capitalisée de 150 € par mois, versée en fin de parcours aux volontaires ayant dépassé deux mois d'ancienneté.




LA MISSION de l'EPIDe et des CENTRES « DÉFENSE, 2e CHANCE »


La mission est de favoriser l'insertion sociale et professionnelle de ces jeunes en difficulté via un parcours pédagogique adapté à leur situation et en concertation avec de nombreux partenaires de l'insertion professionnelle, les entreprises notamment.
Cette mission conduit l'EPIDE à mettre en œuvre une offre de services originale et globale qui intègre quatre composantes :
la socialisation, l'orientation,la formation et l'insertion professionnelle des jeunes. Il ne s'agit pas d'une prestation qui se superpose à celles des structures et dispositifs existants, mais bel et bien d'une réponse singulière et adaptée aux besoins des jeunes désocialisés, en manque de repères et pour lesquels le risque de marginalisation est important.
L'EPIDe intervient comme maître d'œuvre agissant sur ces 4 composantes permettant l'insertion professionnelle.

Chaque matin, lever des couleurs... (Photo : EPIDe)


LE PARCOURS PEDAGOGIQUE


Il s'agit d'un parcours complet incluant un accompagnement personnalisé pour permettre au jeune de retrouver ses repères, de construire et de s'approprier son projet professionnel tout en acquérant les qualités comportementales et les compétences répondant aux attentes des Entreprises.
La durée (8 mois minimum) ainsi que l'internat s'avèrent nécessaires pour obtenir des résultats efficaces sur ces jeunes en difficulté.


LA FORMATION CIVIQUE ET COMPORTEMENTALE


Composée de cours et de mise en pratique quotidienne, elle a pour objectif la (re)socialisation du jeune, pré-requis indispensable pour entrer dans la vie active.
Ponctualité, régularité, respect de soi et des autres, courtoisie, acceptation des règles et des contraintes constituent une exigence de base pour le monde du travail.
Mais elle donne aussi les repères d'une vie d'adulte en société au sens le plus large du terme et permet de montrer aux jeunes qu'ils ont les mêmes droits et les mêmes devoirs que tout autre citoyen.
C'est pourquoi des cours d'instruction civique et des cours pratiques (ouvrir et gérer un compte bancaire, comprendre un bulletin de salaire, savoir effectuer quelques démarches administratives essentielles...) viennent enrichir ce module.
Les stagiaires suivent également une formation aux premiers secours sanctionnée par le Brevet de secourisme ou son équivalent ( AFPS). Ils sont aussi présentés à l'examen délivrant l'Attestation de Sécurité Routière (ASR) et peuvent passer l'examen du code de la route.
Enfin, une large part est donnée au sport dont la pratique permet de contribuer non seulement à l'amélioration de la forme physique, mais aussi participe également à la ré-acquisition de règles de vie.

LA REMISE A NIVEAU DES FONDAMENTAUX SCOLAIRES


Les matières enseignées ( français, mathématiques, etc...) sont abordées sous un angle concret et en liaison avec l'insertion professionnelle, le but étant d'obtenir et d'entretenir l'intérêt du jeune à travers des cas pratiques.
A titre d'exemple, la maîtrise des mathématiques comme le calcul d'une surface pourra être associée à la simulation de la pose d'un revêtement de sol et les fractions et pourcentages aux besoins en dosage qui peuvent être nécessaires en cuisine ou dans la préparation d'enduits.
L'objectif est de faire passer aux jeunes, qui ne l'auraient pas déjà, le Certificat de Formation Générale (CFG), diplôme de l'Education Nationale (niveau de l'ancien Certificat d'Études) qui valide la maîtrise des fondamentaux scolaires. Ce module inclut également une initiation à l'informatique et à la navigation sur Internet.


L'ORIENTATION la PRÉ-FORMATION ET L'INSERTION PROFESSIONNELLE


Au cours du premier trimestre passé dans le Centre, les différentes filières professionnelles proposées sont présentées aux jeunes. Ces filières correspondent à des secteurs d'activités en tension : BTP, Hôtellerie, Restauration, Espaces verts, Transports, Logistique, Aides à la personne, Services aux Entreprises.
Accompagnés par l'équipe pédagogique du Centre, ils peuvent alors bâtir et s'approprier un projet professionnel. Chaque fois que la situation le permet, un premier stage d'immersion en entreprise de l'ordre de 2 semaines doit à la fois permettre au jeune de valider son projet et à l'Entreprise de l'évaluer en milieu de travail.
A l'issue de ce premier stage, plusieurs scenarii sont possibles selon le niveau d'aptitude du jeune, la filière professionnelle choisie et le partenariat noué avec les entreprises implantées localement. Certains employeurs proposent directement un CDI qui va inclure la formation du jeune dès que celui-ci est prêt à quitter le Centre.
D'autres entreprises optent pour un contrat en alternance pouvant déboucher sur un CDI qui peut ou non demander la mise en oeuvre d'une pré-formation professionnelle. Lorsque cette dernière est nécessaire, l'EPIDe s'appuie alors sur les dispositifs et structures existant à proximité du Centre, ou la prend en charge lorsque la situation le demande.
Toutes ces solutions sont étudiées et validées dès lors qu'elles contribuent à une insertion durable des jeunes.
L'expérience des premières promotions de volontaires montrent que la durée du parcours pédagogique est de un an pour plus de 80 % des jeunes et de 6 mois pour environ 15 % d'entre eux : la situation de départ aux plans comportemental et scolaire, ainsi que la rapidité d'évolution et les exigences de la filière professionnelle choisie, déterminent en effet la durée nécessaire du programme.
Pour permettre un accompagnement au plus près de chaque jeune, les cours sont de 15 élèves en moyenne et le personnel pédagogique et d'encadrement représente 40 % de l'effectif des stagiaires accueillis dans un Centre. Le personnel enseignant est composé de contractuels ou de titulaires détachés de l'Éducation Nationale. Une équipe de « Chargé d'insertion » accompagne les jeunes dans l'établissement de leur projet professionnel et leur entrée dans la vie active. Le personnel administratif et d'encadrement est composé d'anciens militaires ou de personnes issues du civil, tous devant disposer d'une expérience en matière d'encadrement des jeunes, d'une forte disponibilité et d'une capacité d'investissement personnel importante.
Les personnels des Centre reçoivent une formation spécifique initiale complétée par des stages réguliers afin de disposer d'une bonne connaissance de ce public et de pouvoir assurer leur mission le plus efficacement possible.


LES PARTENARIATS ENTREPRISE


A fin juin 2007, 22 Centres « Défense, 2e Chance » ont ouvert leurs portes.

L'EPIDe est habilité à nouer des partenariats locaux, multi-régionaux et nationaux avec les entreprises En fonction des localisations du ou des sites de l'entreprise et de la situation géographique des Centres « Défense 2eme chance » les débouchés que peuvent proposer les employeurs pourront ainsi concerner les jeunes issus d'un ou plusieurs Centres.
L'objectif de l'établissement étant de contribuer à une insertion durable des jeunes, la première expérience profes-sionnelle doit être la plus significative au regard du marché de l'emploi.
La remise à niveau des fondamentaux scolaires ainsi que la formation civique et comporte-mentale ont été des arguments clés auprès des premiers partenaires de l'EPIDe : motivation, ponctualité, assiduité, désir d'apprendre, désir de s'en sortir... Ces qualités constatées auprès des jeunes issus des Centres D2C ont souvent été déterminantes pour déclencher une première expérimentation ou un partenariat d'emblée.
La quasi-totalité des jeunes accueillis dans les centres demandent un minimum de 4 à 6 mois de présence avant de pouvoir être présentés à une entreprise : il est, en effet de la responsabilité de l'EPIDe de veiller à ce que chaque volontaire soit prêt à intégrer le monde du travail.

L'objectif de l'établissement n'est pas de garder dans les Centres les jeunes le plus longtemps possible, mais il n'est pas non plus d'adresser ces mêmes jeunes trop tôt à une entreprise et courir ainsi le double risque d'échouer en matière d'insertion professionnelle et de compromettre le partenariat.
En fonction de la situation individuelle de chacun à son arrivée dans un Centre, la rapidité d'évolution du jeune et de la filière professionnelle choisie, l'équipe pédagogique évalue chaque volontaire. De plus, l'entreprise dispose d'un contact privilégié et permanent avec le Centre via le référent (tuteur) du volontaire.

Chaque fois que possible, il est proposé au jeune un premier stage d'immersion de 10 à 15 jours sur le site de l'Entreprise. Si ce premier contact est positif, l'intégration ultérieure de la nouvelle recrue s'en trouve facilitée.

Des conventions ont déjà été signées, au niveau national, avec la Fondation Caisses d'Épargne pour la Solidarité, la Fédération du Bâtiment, la Fédération Nationale des Travaux Publics, les Groupes Flunch, GTM, Vedior Bis, Colas, EIFFAGE et Vinci, l'AFT-IFTIM, Elior Avenance, le Groupement des Professions de Services... et d'autres accords sont actuellement en cours de finalisation.


Des stagiaires dans la Bibliothèque


Par ailleurs de nombreux partenariats se sont noués entre les Centres déjà ouverts et les Entreprises implantées à proximité des établissements. Courriel : sec.gen@ caj.defense.gouv.fr