Aux sources de l'action avec le Général d'Harcourt

La reconnaissance et l'affection que tous à "Jeunesse et Montagne" depuis sa création, portent au Général d'Harcourt, autorisent à reproduire dans la Revue J.M. l'article que l'Association Nationale des Offciers de Réserve a récemment consacré à sa carrière.

Né le 15 septembre 1885, Bernard d'Harcourt s'engage en 1906, au 9e Dragons. Il prépare Saumur d'où il sort Sous-Lieutenant en 1911 au 5e Régiment de Chasseurs.
Dès 1912, il demande à être détaché au service aéronautique militaire, afin d'apprendre à piloter. Il obtient cette autorisation sous réserve qu'il continue cependant à effectuer son service au 5e Chasseurs.

Breveté pilote en 1913, il s'autorise de cette qualification pour demander dès le début des hostilités en 1914 à passer définitevement dans l'Aéronautique.

Cette faveur lui est refusée et c'est avec le 5e Chasseurs qu'il entre en campagne pour toute cette phase de la guerre de mouvement, où la Cavalerie se couvre de gloire. Il y gagne d'ailleurs deux citations. Mais dès que le Front se stabilise et que commence la guerre de tranchées, il estime que la Cavalerie ne lui offre plus un champ d'action intéressant et il réitère sa demande d'être affecté dans l'Aéronautique.

Il obtient satisfaction et est désigné, en Janvier 1915, pour former la MS38, unité pour laquelle les volontaires ne se précipitaient pas, compte tenu de la réputation de Morane, parasol de l'époque...

Dès lors, sous l'égide de l'inoubliable Commandant de Rose, le Lieutenant d'Harcourt sera l'un des artisans les plus actifs de la création de la Chasse.

Il aura cependant quelques déboires, car fougueux partisan, avec Heurteaux, du monoplace de combat, il sera commme lui muté, car il se trouve en désaccord avec le commandement de l'Aéronautique d'armée qui fait campagne en faveur du biplace.

Après un passage à la N67, Capitaine à titre temporaire, il prend le commandement de la N103 au GC12 de Brocard. Dans cette unité d'élite, ses émules s'appellent alors Guynemer, Deullîn, Dorme. Heurteaux, de la Tour, etc., et il a sous ses ordres Nungesser et Fonck. Capitaine à titre définitif, il est nommé, en 1918, au commandement du GC 13 et il y termine la guerre avec la Légion d'honneur, sept citations, la Mîlitary Cross et la Croix de Guerre belge.

Après la guerre, le capitaine d'Harcourt fait un bref passage au secrétariat d'Etat à l'Aéronautique et à l'Etat-Maior particulier de l'Aéronautique, mais il ne restera jamais longtemps dans les bureaux et on le retrouve, Commandant, en 1924, à la tête du groupe de chasse du 32e Régiment d'aviation à Dijon. II y reste quatre ans, puis devient directeur du Personnel avant de prendre, comme Colonel, en 1931, le commandement du prestigieux 2e de Chasse, où il succède au Colonel de Serre.

Après un passage au CHEM, il commande la 3e Brigade, puis en 1935, le Centre d'expériences et la 11e Brigade à Reims, enfin en 1936, Général de Brigade, le 2° Corps Aérien, grande unité qui regroupe toutes les formations de Chasse.


En 1964, le Général d'Harcourt reçoit, des mains du Général de Gaulle, les insignes de Grand-Croix de la Légion d'Honneur.

C'est en 1938, que le Général d'Harcourt est nommé Inspecteur de la Chasse et c'est dans cette brève période qui précède la deuxième Guerre Mondiale que son action sera partîculièrement importante.

Sa rigueur morale, son obstination intraitable, son prestige personnel lui permettront en effet de faire échec a un projet de règlement de l'aviation légère de Défense, élaboré aux plus hauts échelons par des théoriciens peu au fait des réalités et particulièrement ignorants des traditions de la Chasse.

Il saura y substituer un règlement de l'Aviation de Chasse conçu sous sa direction par l'élite des Commandants d'unités, règlement assorti de progressions d'instruction mises au point par ceux-là mêmes qui auront à les appliquer.
Il sera ainsi largement responsable de l'extraordinaire qualité professionnelle et morale de nos Chasseurs lors de leur entrée en guerre, qualité qui a, dans toute la mesure du possible, compensé l'écrasante infériorité du matériel, en nombre et en qualité.

Général de Division, puis Général de Corps Aérien, d'Harcourt est lui-même, pendant cette guerre 39-40, adjoint pour la Chasse au Commandant de la 1ere Armée Aérienne, puis Inspecteur Général de l'Aviation de Chasse au G.Q.G. C'est à ce titre qu'il écrit le dernier bulletin de l'Aviation de Chasse ces lignes qui sont restées gravées dans le cœur de tous les Chasseurs :

" A l'heure où l'aviation de chasse ferme ses ailes dans l'attente des jours meilleurs, elle peut être fière de la tâche accomplie, il n'a pas dépendu d'elle que les événements trouvent une autre issue."

Les jours meilleurs viendront et les Chasseurs, formés par le Général d'Harcourt, pourront alors donner toute leur mesure.

Lui-même, en cette triste période d'armistice, rendra encore un immense service au pays quand, Secrétaire Général à la Famille et à la Jeunesse, avant d'être Directeur de l'Aviation Civile, il créera " Jeunesse et Montagne ", cette magnifique école d'énergie et d'idéal qui marquera pour la vie plusieurs milliers de jeunes garçons.